Folle...ment

Publié le par Yolande

 

 

— Je suis folle !

 

 

 

— Ne dramatise pas.

 

 

 

— Quand même, avoir imaginé qu’il l’admettait enfin, après tant d’années, il faut que j’aie perdu la raison.

 

 

 

— Pourtant, il a dit « J’avoue que… », « Je t’accorde qu’à cette époque… », « J’en conviens… ».

 

 

 

— Il n’empêche, comment ai-je pu croire un seul instant qu’il reconnaissait ce qu’il avait toujours nié ? Du pur délire !

 

 

 

— Non. Il a évoqué Barcelone, ce soir d’août. Vous étiez restés tard à la plage, a-t-il raconté. Vous étiez rentrés, fatigués de soleil. Vous aviez passé la soirée sur la terrasse. La nuit était lourde, sans un souffle d’air. Puis c’est arrivé.

 

 

 

— Barcelone, ce soir d’été, où tout semblait éternel, immuable, c’est bien cela. Et soudain, ce mot qui nous a anéantis. Il l’a prononcé, d’un ton neutre, comme par mégarde, presque avec indifférence. Ce mot, arrogant, indécent, qui a fait irruption dans notre vie, la rendant désormais inconcevable, je l’entends encore.

 

 

 

—Il avait l’air sincère lorsqu’il affirmait que…

 

 

 

—… que c’est moi qui l’avais dit. Pendant tout ce temps, je l’aurais rendu responsable de cette trahison, incapable que j’étais alors d’articuler aucun de ces autres mots qui auraient vaincu celui que ma peur de le perdre avait laissé échapper. Impossible. Ce serait de la folie !

 

 

 

 

Publié dans Dialogue

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